L’ascension du Mont Cook n’est pas envisageable pour nous cette année. Même si la course n’est pas d’une difficulté folle, la voie normale est côté AD+, nous n’avons pas emmené assez de matos, et la météo ne s’y prête pas. Crampons, cordes et piolets sont restés à la maison. La marche d’approche est assez longue, jusqu’à deux journées nécessaire, pas très difficile mais exposé au sérac. Beaucoup optent d’ailleurs pour la dépose en hélicoptère au camp de base pour gagner un peu de temps. Comme il est impossible de voir le sommet cet après-midi, nous allons utilisé notre plan B qui était d’aller dormir à Mueller Hut, un refuge au dessus d’Aoraki, qui offre une superbe vue sur le Mont Cook… quand il n’y a pas de nuage.
A la maison du parc, nous avons vu que le refuge de Mueller Hut était complet. C’est l’inconvénient de venir ici pendant le week-end. Mais pour une fois, le bivouac est autorisé et en plus c’est gratuit. La seule contrainte est de ne pas être visible depuis le refuge. Bizarre, mais nous verrons là-haut, il ne faut pas mélanger touristes et aventuriers 😉 Nous préparons donc nos sacs pour aller bivouaquer. Tente, réchaud et eau en conséquence, car il n’y a pas encore de neige à cette altitude, et une fois passé le point de Sealy Tarn, il n’y a plus de point d’eau. Nous voilà chargés comme des mulets pour attaquer près de 3h de montée.
Le chemin remonte tranquillement dans la vallée, mais dès que nous bifurquons sur Sealy Tarns Track, nous entamons une montée plus abrupte, qui se transforme bien vite, comme souvent en Nouvelle-Zélande, en des escaliers interminables. Au moins, nous prenons de l’altitude rapidement.
A mesure que nous nous élevons, la vue sur la vallée du lac Pukaki apparaît, magnifique, mais le temps se couvre et le vent se lève. Du coup, je presse le pas, il faudrait arriver avant le mauvais temps. La partie finale de la montée ressemble plus à un pierrier qu’à un chemin. Nous basculons sur la crête quand la pluie s’ajoute aux bourrasques. Le Mueller Hut n’est plus très loin, mais il n’apparaît qu’au dernier moment, ce qui donne l’impression que la randonnée est interminable. Juste une impression, nous n’aurons mis que 2h30 pour grimper les 1000m de dénivelé.
Il va nous falloir trouver un emplacement où poser la tente, rappelez-vous, à l’abri des regards ! En cherchant quelques instants, nous trouvons une zone de bivouac déjà préparée, nous ne sommes pas les premiers à être venus ici, mais ce soir nous sommes seuls. Nous nous empressons de monter la tente. Heureusement nous sommes rodés après plus de deux semaines en vadrouille. Mais la technique change un peu, pas question de planter les sardines dans ce terrain rocailleux, il faut tout attacher aux rochers. Laura, pour qui cela va être la première nuit dans ces conditions, n’est pas parfaitement rassurée sur la solidité de l’affaire.
Il n’y a personne à l’horizon, à se demander si le refuge est vraiment complet. Les mauvaises conditions ont du en repousser plus d’un. Quand soudain nous avons une visite. Trois Kéa, une sorte de perroquet s’approchent de notre campement. Ils sont splendides, tout vert, avec juste le dessous des ailes rouges. Mais ils deviennent inquiétants à mesure qu’ils s’approchent de la tente. Ils ne semblent pas effrayés par notre présence, et il ne faudrait pas qu’ils s’attaquent à la tente sinon la nuit risque d’être humide. Ils finissent cependant par aller voir ailleurs, nous pouvons alors dîner, profitant d’une accalmie de courte durée, du soleil couchant et de la vue sur la vallée qui mène au Mont Cook.
Les gouttes de pluie reviennent, le bon moment pour se coucher. La nuit est… agitée. Nous subissons une bonne tempête, avec un vent fort, qui plie la tente dans tous les sens. Dans le cirque glaciaire qui nous fait face, les sérac tombent toute la nuit dans un vacarme impressionnant, et la pluie redouble d’intensité. Je sors vérifier que tout va bien, la tente résiste, les cailloux ne bougent pas d’un iota. Ils ne doivent pas en être à leur première tempête. Tout ça s’arrête vers 6h du matin, aux premières lueurs du jour.
Je sors faire un rapide tour d’inspection, tout est nickel. Nous nous dirigeons à quelques pas de la tente, pour sortir de la cuvette où nous avions trouvé abris. Les nuages ont fait la place à un grand soleil qui se lève sur les montagnes. La vue est magnifique, et nous découvrons enfin le Mont Cook ! Tout le panorama s’offre à nous, le cirque glacière, la vallée, les montagnes, mais surtout pas le Mueller Hut ! Petit déjeuner dans ce décor magique, avec le sentiment de profiter d’un moment unique, tout seuls perchés sur notre bout de montagne.
Il est déjà temps de redescendre. Nous plions rapidement le camp. Tous les dormeurs du refuge passent devant notre camp, il y avait donc bien quelqu’un. La descente se fait rapidement, en coupant un peu la trace.
Voilà une belle nuit en bivouac, dans un cadre magnifique et sous des conditions dantesques, dont nous nous souviendrons longtemps.
Publié le: 29 mars 2013
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Catégorie: Blog, Ile du Sud, Océanie
Tags: Mont Cook, Mueller Hut, Nouvelle-Zélande